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Chiens de chasse et chiens de Field

A quelques jours des premiers concours de printemps, présentateurs et juges se remettent en tête le parcours type du trialer en espérant toujours être agréablement surpris par la qualité des jugements pour les premiers et celle des chiens pour les seconds.

La très grande majorité des juges sont des chasseurs passionnés par une race en particulier et attachent une grande importance à l'allure inhérente à celle-ci : un breton doit courrir et chasser comme un breton, un setter doit arrêter comme un setter etc... Quand ils jugent une autre race que celle qu'ils affectionnent, ils sont souvent plus attentifs aux qualités de chasse et moins pointilleux sur le style.

Les présentateurs sont plus éclectiques surtout quand ils sont professionnels : il y a des bons chiens dans toutes les races et tous les dresseurs préfèrent les cracks aux vessies... Aussi sont-ils aussi très attentifs aux qualités naturelles et aux aptitudes au dressage qui leur permettront d'amener régulièrement au classement ce galop de rêve.

Comment juger et départager tous ces chiens à une époque où il est de plus en plus difficile d'organiser de véritables épreuves de chasse sur du gibier naturel ? Faut-il toujours se référer à la chasse comme le font et le préconisent certains juges ou faut-il agrandir le cercle de réflexion et considérer que le gibier n'étant plus tiré, il s'agit plus d'un sport, d'une compétition de haut niveau qui doit être jugée comme telle. Mais tout d'abord comment différencier ce qui tient à la chasse et ce qui tient au sport ? A mon sens, une épreuve s'apparente à la chasse quand le gibier est tiré ou quand le règlement stipule explicitement que les arrêts doivent être utiles : c'est-à-dire qu'on pourrait aisément servir le chien au fusil si on le souhaitait. Par contre, dès lors que l'on accorde le point pour des arrêts à grande distance avec envol du gibier avant même que le conducteur soit à portée de tir, il s'agit vraiment d'une véritable épreuve sportive. Avec ce cadre précis, les épreuves sur faisan tiré sont des épreuves de chasse et elles sont bien jugées comme telles. Par contre que dire du printemps et même de certains concours sur bécasses ou bécassines ou assez souvent on peut accorder le CAC avec un arrêt impossible à servir au fusil...

Tout ceci semblera futilité à plus d'un mais c'est forcément d'une grande importance sur le travail des chiens et donc sur l'élevage de demain. Prenons quelques aspects précis du travail d'un chien et examinons ce qui différencie le chien de chasse du chien de sport.

 

LA QUETE

Le chien de chasse doit explorer son terrain avec méthode en s'assurant toujours de la présence de son conducteur et de sa capacité à le servir. Avec l'expérience, il sait que s'il va arrêter des oiseaux sauvages à deux cent mètres de ce dernier, il lui sera impossible de les tirer car ils voleront avant son arrivée. Instinctivement, il va resserrer et réduire sa quête pour éviter ce genre de situation inutile. Le dresseur va lui aussi tenter de limiter le champs d'action de son élève pour éviter les arrêts impossible à servir. Bref, le chien est canalisé sur un objectif d'efficacité même si l'on doit sous utiliser ses possibilités.

Le chien de grand sport quant à lui utilise tous ses moyens physiques car peu lui importe que les oiseaux puissent ou pas être tirés, l'important est de les bloquer et de prendre le point. La quête est rapide, ouverte et le risque est maximum même si le contact avec le conducteur est toujours constant. Le chien est utilisé au meilleur de ses possibilités et on peut donc les évaluer au plus précis.

Par contre, certains chiens sont fabriqués pour produire ce genre de parcours à CAC : quête rapide et constante même si elle est parfois un peu serrée pour éviter toute faute,  jamais de nasillement ou de contrôle inutile et bien entendu aucune pose d'arrêt inutile.

 

L'ARRET

L'arrêt du chien de chasse doit être ferme pour permettre une approche sûre du conducteur. Il est même préférable qu'il garde une marge de sécurité afin d'éviter tout envol prématuré. Dès l'arrivée du tireur, un coulé permettra de rectifier un léger déplacement du gibier. A la chasse, il faut assurer le tir et il vaut donc mieux être trop prudent que pas assez.

Le chien de sport contrôle ses émanations à grande vitesse et brusquement décide d'en remonter une pour aller bloquer ses oiseaux : « Haut les mains, peau de lapin ! « C'est du grand art mais cela peut exploser à tout moment et c'est ce qui fait vibrer le juge, le conducteur et les suiveurs. Encore une fois, ce type de comportement peut être fabriqué par le dresseur qui va interdire toutes les remontées d'émanation inutiles en préférant que le chien effectue un lacet supplémentaire avant d'aller s'immobiliser à bonne distance des oiseaux. Ce genre de chien risque de laisser quelques couples lui échapper mais quand il a un point il est dans le coup pour le CAC. En fait, c'est une mauvaise copie du grand chien mais peu de personnes sont capables de le discerner.

Le chien de grand sport existe à l'état naturel : il a toutes les qualités requises et c'est le super chien de chasse mais il existe aussi de belles imitations qui font illusion et qui n'ont plus rien à voir avec de vrais chiens de chasse.

En conclusion, il faut être très attentif à ce qui différencie la chasse du sport et surtout à bien identifier ce qui est vraiment naturel et ce qui est fabriqué. Le couple est certainement la meilleure épreuve pour faire éclater cette différence mais peut-être faut-il favoriser le grand combattant preneur de point en accordant quelques points supplémentaires au chien qui trouve les oiseaux le premier ou qui en trouve le plus. Le grand chien de chasse c'est quand même celui qui est capable de faire voir beaucoup de gibier à son propriétaire indépendamment des conditions de temps ou de terrain, c'est du moins l'idée la plus répandue chez les chasseurs.

Thierry Hamon

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